Chapitre 6

Diffusion des publicités

Comment diffuser vos annonces sur le web ? Combien cela coûte-t-il ?

Quels outils utiliser ? Nous allons découvrir dans ce premier chapitre de la deuxième section comment s’organise la diffusion de publicités sur internet.


Si créer des publicités devait être la première étape du marketing web, la tâche consistant à les diffuser, c’est-à-dire à les faire s’afficher sur le web, serait logiquement la suivante. Nous allons voir, dans ce chapitre, trois concepts clés qui vont être utiles pour bien comprendre la suite de cet ouvrage. Tout d’abord, nous parlerons de la rémunération du marketing web : comment les annonceurs payent-ils la diffusion de leur publicité ? Nous verrons ensuite, concrètement, la manière dont ces créations sont diffusées aux internautes. Nous parlerons à ce titre de façon détaillée du concept de serveur de publicité, ou adserver, un logiciel permettant de gérer la diffusion des annonces. Enfin, nous verrons les différents paramètres permettant de configurer la façon dont les campagnes seront diffusées.

Des modes de diffusion qui dépendent du support

La diffusion des annonces dépend énormément de la régie et du support choisis. On ne diffuse pas une publicité sur un réseau social de la même manière que sur un moteur de recherche ou que sur une plateforme vidéo. Chaque régie, chaque réseau, dispose de sa propre solution technique, et surtout de ses propres options et paramètres. Il nous a paru cependant intéressant, avant de faire une plongée dans ces différents univers, de faire un tour d’horizon de ce que signifie le terme « diffuser » en termes marketing web. Malgré leurs différences, chaque support vise en général des objectifs communs et repose donc sur des principes similaires.

Des modes de rémunération différents

Diffuser des publicités, c’est d’abord accepter de rémunérer un site éditeur, c’est-à-dire le site web, disposant d’une certaine audience, qui accepte de faire de la place sur ses pages pour les annonces d’un ou de plusieurs annonceurs. En contrepartie de l’octroi de cet espace, le site, ou la régie qui le représente, va demander une certaine somme, un peu à la manière d’un loyer.

La facturation à l’affichage (au CPM)

La facturation à l’affichage est probablement la plus simple et la plus logique qui soit de prime abord. Pour reprendre l’analogie d’un loyer, le site éditeur va proposer une somme fixe pour un nombre de fois qu’une publicité sera affichée. Imaginons qu’un site génère auprès de son audience un total d’un million de pages vues (PV) en moyenne par jour, et qu’un annonceur souhaite une présence d’une semaine sur toutes les pages du site. On dira alors qu’il a 100% des parts de voix (PDV). Le contrat sera conclu entre les deux parties, soit sur la base d’un nombre de pages vues (7 millions), soit sur une période (7 jours). La quantité qui est donc achetée ici est d’abord une présence visuelle auprès des internautes. Charge à l’annonceur de créer des publicités suffisamment attrayantes pour générer un maximum de clics. La seule obligation de l’éditeur (ou de la régie, si cet intermédiaire est présent dans la relation commerciale) est de garantir que la bonne durée, ou le bon nombre d’affichages, soit atteint. L’unité utilisée dans l’industrie du marketing web est le CPM ou Coût Par Millier (d’affichages).

Remarque Reprenons l’exemple de la campagne de 7 millions d’affichages et attribuons lui un coût de 2 euros au CPM. Dans ces conditions, cette opération coûtera 14.000 euros.

Le niveau du CPM dépend bien entendu de l’audience, c’est-à-dire du type d’internautes qui fréquentent le site. Une audience plutôt rare, se trouvant dans un stade d’achat avancé ou d’une catégorie socio-professionnelle élevée se vendra plus cher. Il dépend également de l’emplacement visé. Comme nous le verrons au chapitre concernant les campagnes d’affichage, il existe toutes sortes d’emplacements : de la bannière horizontale en pied de page à l’habillage complet d’un site. La visibilité, qui dépend de la surface de la bannière et de sa hauteur dans la page, est un paramètre important pour la détermination du CPM. Comme sur tout marché ouvert, la concurrence entre annonceurs a bien entendu également un impact. La quantité d’affichages réservés également. Il est possible d’obtenir de meilleurs prix en commandant « en gros ». C’est d’ailleurs ainsi que des intermédiaires, comme certaines régies, gagnent leur vie : en revendant au détail des emplacements achetés en gros.

Remarque Dans ce modèle, le prix est en général convenu à l’avance, ce qui limite l’incertitude. Mais l’annonceur n’achète « que » des affichages et n’a aucune garantie sur le nombre de clics, voir de ventes, que sa campagne va générer.

La facturation au clic (ou au CPC)

La notion de facturation au clic a été notamment popularisée par Google Adwords tout comme son acronyme CPC (pour « Coût Par Clic »). Chaque fois qu’un internaute clique sur une publicité, l’annonceur est facturé d’un certain montant qui peut varier de plusieurs centimes à plusieurs dizaines d’euros. Dans ce modèle, le nombre d’affichages a moins d’importance : la prise de risque revient du côté de l’éditeur. Sa responsabilité n’est pas seulement de diffuser les publicités, mais de faire en sorte que les internautes cliquent dessus, sans quoi il ne facturera pas l’annonceur. Ce format constitue donc d’un certain côté un rééquilibrage des responsabilités car les deux parties ont intérêt à ce que la campagne génère le plus de clics possibles dans la limite du budget quotidien accepté par l’annonceur. Par exemple : pour un budget quotidien de 200 euros, un CPC moyen de 50 centimes générera 400 clics.

La facturation au CPC n’intervient donc que lorsqu’un clic est comptabilisé. C’est l’occasion idéale pour introduire un concept clé en marketing web : le taux de clic. Il donne la proportion de clics par affichages. Cette valeur peut être liée à une bannière ou une annonce texte. Elle peut également permettre de comparer des campagnes entières. Admettons qu’une annonce ait été affichée 100.000 fois et ait généré 200 clics, on dira que son taux de clic (ou CTR en anglais pour Click Through Rate) est de 0,2%. Cet indicateur permet de mesurer d’une part la pertinence d’une annonce, c’est-à-dire son adéquation au contenu et à l’audience du site sur lequel elle est affichée, mais aussi sa qualité, c’est-à-dire sa capacité à inciter les internautes à cliquer. On regarde en général le taux de clic par bannière, par campagne, mais aussi par site. Sur une opération donnée, on pourra ainsi comparer les différentes créations et observer lequel des sites a généré le plus de clics (proportionnellement au nombre d’affichages).

Remarque Selon une étude5 le taux de clic moyen sur internet, tous formats de bannière confondus, est de 0,17% (données de 2009).

La facturation par acquisition (ou CPA)

Nous venons de passer d’un modèle plaçant les affichages au cœur de la facturation à un modèle qui y place le clic. Cependant, les campagnes ayant un objectif de performance (c’est-à-dire mettant l’accent sur le retour sur investissement, par opposition aux campagnes dites de notoriété) ne mesurent pas leurs résultats ni sur l’un, ni sur l’autre. Seules comptent les ventes réalisées. C’est pourquoi un autre modèle est né : celui du CPA ou coût par acquisition. Le coût d’une campagne est calculé en multipliant le nombre d’acquisitions réalisées par un prix convenu d’avance entre l’annonceur et le site éditeur. Les notions d’affichages et de clics deviennent complètement secondaires : on parle ici d’une campagne à la performance.


La difficulté réside bien entendu dans le calcul de ce prix d’acquisition. Si l’annonceur sait en général quel prix il veut payer, il est souvent difficile pour la régie d’estimer le revenu potentiel. En effet, la vente (ou l’inscription de l’internaute) se déroule après le clic sur la publicité, sur le site de l’annonceur (que la régie ne contrôle pas). Certaines, comme Google Adwords par exemple, n’acceptent de passer au CPA qu’après avoir récolté suffisamment de données au travers de campagnes au CPM ou CPC classiques que l’annonceur aura préalablement lancées. Une fois ces opérations terminées, on divise le budget dépensé par le nombre de conversions générées. On obtient alors de façon assez précise une estimation du prix que paye l’annonceur pour chaque conversion. Voici la formule de calcul du CPA en fonction du CPM et du taux de conversion (TC) : CPA = CPM / (1000 x CTR x TC). Lorsque l’on se base sur une pré-campagne au CPC, la formule est plus simple : CPA = CPC / TC. Par exemple, une campagne à 1 euro du CPM produisant un taux de clic de 0,5% et un taux de conversion de 2% donne un CPA de 10 euros (1 / (1000 x 0,005 x 0,02)). Pour l’annonceur, dans cet exemple, chaque nouveau client revient donc en moyenne à 10 euros.


Le CPA peut également être variable. Ce modèle est pratiqué notamment par les sites e-commerce. Le montant que paye l’annonceur correspond à un pourcentage du montant des ventes générées par la régie. Les commissions se situent en général entre 3% et 10% du montant total de la commande de l’internaute. Ce modèle limite encore plus le risque pour l’annonceur car il paye ses acquisitions au prix d’un pourcentage du chiffre d’affaire récolté.

Remarque Les plateformes d’affiliation pratiquent toutes ce modèle « à la performance ». Nous couvrirons plus longuement ce sujet dans le chapitre qui est consacré à ce support.

Les serveurs publicitaires

Figure 6.1 : Les annonceurs peuvent fournir leurs bannières aux sites directement (1) ou passer par un adserver (2). Les adservers sont gérés par les éditeurs de sites ou par leurs régies.

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Une publicité est diffusée lorsqu’elle est inclue d’une façon ou d’une autre dans le code source d’un site tiers. Lorsqu’un internaute visite une page de ce site, le code est exécuté et l’annonce sera affichée (que ce soit une bannière, une annonce texte ou une vidéo). L’annonceur, ou son agence de création, est chargé de fournir les contenus à afficher. Le régie ou les sites éditeurs sont quant à eux chargés de leur affichage. Si cette dernière tâche est bien entendu essentielle, elle n’est cependant pas suffisante. Il faut également mesurer tout ce qui constitue les données d’une campagne : le nombre d’affichages par bannière, le nombre de clics et éventuellement les conversions (les ventes ou les inscriptions générées par la campagne). Qui dit diffusion dit donc mesure. Mais ce n’est pas tout ! Les régies ont sous gestion de nombreuses bannières, sur de nombreux sites. Ces créations nécessitent une gestion quotidienne : changements, arrêts, optimisations et bien d’autres tâches que nous allons découvrir en détail. S’il fallait à chaque fois copier / coller le code de chaque bannière sur chaque site concerné par la campagne sans l’aide d’un outil dédié, le travail requis rendrait le marketing internet bien plus cher qu’il ne l’est. C’est ainsi que sont apparus les serveurs publicitaires, ou « adservers » en anglais, des solutions permettant de gérer l’affichage des publicités sur les sites éditeurs d’une façon simple et efficace. Voici quelques noms d’adservers du marché : Smart Adserver, Weborama Adperf et Affiz Adserver.

Gérer la diffusion des annonces

Si l’intégration d’une bannière consistait encore à la coller simplement dans le code source d’un site, le métier de marketeur web serait finalement très simple, voir inutile. Bien heureusement, ce n’est pas le cas, et les technologies de diffusion de publicités permettent de contrôler très finement quand, et à qui, vous voudrez afficher la bannière de votre choix. Cette partie a pour objectif de vous donner un aperçu des différents paramètres qui rentrent en compte dans la diffusion de publicités sur le web.

Gestion du nombre d’affichages par personne

Il est rarement intéressant qu’une publicité s’affiche en permanence pour tous les internautes. En effet, il arrive un moment où un phénomène de saturation rend la publicité inefficace. À force d’être exposés à la même bannière, les internautes ne vont plus la voir. C’est ce que les américains appellent la « banner blindness », la cécité aux bannières en français. Vous devrez donc décider d’une limite du nombre affichages par personne et par unité de temps, en anglais un « capping » ou en français un lissage. Une limite de 4 par 24h plafonne à 4 le nombre d’affichages d’une bannière par visiteur dans une journée. Lorsque ce nombre est atteint, une autre publicité s’affichera. Un capping réglé entre 3 et 5 est classique. S’il est trop bas, les internautes n’auront pas le temps de remarquer vos publicités, s’il est trop haut, ils n’y feront plus attention et vous paierez de la diffusion pour rien. Ce paramètre influencera également le nombre de personnes qui verront vos publicités. Lorsque vous achèterez des affichages au CPM, plus la limite sera élevée, moins d’internautes verront la campagne. Si, par exemple, vous achetez un million d’affichages avec un capping de 2, ce sont 500.000 personnes qui verront vos annonces. Si vous choisissez une limite de 5, seules 200.000 personnes les verront.

Remarque Ajouter un capping peut permettre d’augmenter les taux de clic de façon significative. Selon une étude6 déjà citée, une campagne à laquelle on ajoute une limite d’affichage peut voir ses performances doubler !

Ciblage des internautes

Certains réseaux publicitaires, les plus connus étant Facebook et Google Adwords, permettent de cibler les audiences selon certaines de leurs caractéristiques. Les critères principaux sont les suivants : âge, sexe, catégorie socio-professionnelle et centres d’intérêt. Vous pourrez même sélectionner, ou exclure, les internautes sur des bases géographiques.

Imaginons que vous souhaitiez promouvoir un groupe d’hôtels localisés dans le Morbihan. Vous savez d’expérience que les caractéristiques moyennes de vos futurs pensionnaires sont les suivantes : couples, actifs, quinquagénaires et habitant en région parisienne. Vous avez remarqué que les réservations étaient souvent effectuées en journée, pendant la semaine et pendant les heures de travail. Vous décidez donc de paramétrer la diffusion de cette façon : ciblage des personnes ayant un âge compris entre 50 et 60 ans, ciblage géographique en Ile-de-France et diffusion du lundi au vendredi de 9h à 18h.


Les régies doivent avoir une connaissance avancée de leur audience et la capacité de filtrer précisément les internautes pour promettre une telle sélection de critères. Facebook tient toutes ses promesses à cet égard ! Il faut dire que la connaissance de ses membres est sa valeur ajoutée, sa raison d’être. Google Adwords permet également un ciblage complet sur son réseau de contenu. Dans ce cas, les caractéristiques des internautes ne sont pas issues des informations qu’ils renseignent eux-mêmes, mais à partir de données récoltées auprès d’un panel d’internautes qui catégorise l’audience des sites qui font partie du réseau de contenu. Le ciblage est donc moins précis car il s’agit d’une estimation basée sur un échantillon de visiteurs.

Bien connaître ces outils

La différence entre une campagne performante et une campagne médiocre se jouera sur votre connaissance des plateformes de diffusion que vous allez utiliser. Les régies et les réseaux publicitaires font tout pour optimiser les opérations et faciliter le travail du marketeur, mais rien ne remplacera cependant l’expérience. Comme pour un appareil manuel, c’est aussi à l’usage que l’on apprend à maîtriser efficacement ces outils marketing.


Un bon ciblage est également essentiel pour concevoir une campagne réussie. Il serait en effet coûteux de diffuser des opérations publicitaires « à l’aveugle », en espérant toucher les bonnes personnes. Une campagne bien ciblée permet de limiter les coûts de diffusion, et donc, d’obtenir un meilleur retour sur investissement.