Chapitre 7

Campagnes d’affichage

Une campagne d’affichage consiste tout simplement à diffuser des bannières sur des sites internet. À quoi servent ces campagnes ? Comment concevoir des bannières ? Qu’est-ce que le reciblage ? Dans ce chapitre, nous découvrirons comment tirer le meilleur de ce support, le « display », qui est l’un des plus emblématiques du marketing web.

Historique

Le marketing digital est né dans la Silicon Valley en 1994. C’est le magazine en ligne HotWired, la première publication commerciale sur internet, qui inaugura ce nouveau support publicitaire. Les premiers clients à se jeter dans le bain7 furent, entre autres, la société MCI, Volvo et le Club Med. À l’époque, Mosaic, le premier navigateur en mode graphique, avait tout juste un an et l’agence qui avait vendu ces espaces sous la forme de bannières n’avait pas réalisé que les internautes pourrait vouloir cliquer dessus ! Les premières bannières n’étaient donc tout simplement pas cliquables, c’était de l’affichage pur. Depuis, les campagnes d’affichage sur internet, aussi appelées « display » dans le langage courant, ont accompli une rapide et étonnante croissance.

Un support publicitaire bien visible

Le mode publicitaire consistant à faire des campagnes d’affichage sur le web est probablement celui qui est le plus connu du grand public, et également, nous l’avons vu, celui qui est à l’origine de ce qui deviendra une véritable industrie dès la fin des années 90.

Un modèle au CPM

Acheter une campagne d’affichage consiste d’abord à réserver des emplacements sur des sites. Lorsque vous négocierez avec vos fournisseurs, vous devrez discuter, en général, les points suivants :

  •  Tout d’abord, vous devrez déterminer le ou les sites, ou les sections de sites, qui vont afficher les bannières. Certains éditeurs de sites, ou régies, disposent d’une galaxie de propriétés web et tous n’accueillent pas forcément l’audience que vous souhaitez toucher.
  •  Ensuite, vous devrez définir ensemble les emplacements sur lesquels vos bannières seront affichées, c’est-à-dire à quel endroit des pages elles vont apparaître.
  •  Puis vous devrez convenir du format « géométrique » qu’elles auront. Ce paramètre est souvent déterminé par deux chiffres : la largeur et la hauteur des bannières données en pixels, séparées par un « x ». On parlera, par exemple, d’une bannière 300x250. Nous verrons plus bas les principaux formats.
  •  Enfin, vous devrez vous entendre sur la quantité d’affichages que vous souhaiterez acheter, sur le prix que vous payerez et sur la durée de la campagne.
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Figure 7.1 : Cette page du site Yahoo.com comporte deux publicités pour le même annonceur : une bannière horizontale en haut et un pavé à droite.

En général, les campagnes bannières sont achetées au CPM, c’est-à-dire au coût par millier d’affichages. Ce montant dépend de nombreux paramètres et se situe en général entre 1 et 15 euros. Un annonceur achète donc d’abord une quantité d’affichage, c’est-à-dire le nombre de fois que les internautes verront ses bannières. C’est la première possibilité. Le site éditeur ou la régie peut également vendre une période de temps. Elle offre donc un pourcentage de ses pages vues pendant une période donnée. Dans ce cas, l’annonceur achètera quand même un certain nombre d’affichages, inconnu précisément à l’avance, mais assez bien estimé grâce à l’historique du site en question.

Inconvénients des campagnes d’affichage

Il convient de préciser, avant d’aller plus loin, que les campagnes d’affichage ne sont pas exemptes de défauts. Leurs inconvénients majeurs sont d’abord pour les internautes. Elles représentent en effet un inconfort certain pour la navigation. Tout d’abord, les bannières prennent une place importante sur les pages web, au détriment du contenu, ce qui peut gêner la lecture. Ensuite, elles peuvent être intrusives. Vous connaissez probablement ces bannières qui viennent, en apparaissant ou se déroulant, s’incruster entre le contenu et l’internaute. Ce sont elles qui donnent mauvaise réputation à toute l’industrie. Enfin, et cela est notamment vrai pour les bannières animées, conçues en Flash, elles peuvent représenter un poids important (en kilo-octets) et ralentir le chargement ou l’exécution d’une page web, voir générer des erreurs ou la fermeture du navigateur.

Contrairement aux publicités textuelles (nous le verrons au chapitre suivant) qui cherchent à être pertinentes pour s’attirer l’intérêt des internautes, les bannières représentent une nuisance pour beaucoup d’entre eux. Ceci a deux conséquences néfastes pour les campagnes d’affichage : d’une part les bloqueurs de publicité, ces petits modules que l’on peut installer dans les navigateurs qui détectent et censurent (n’affichent pas) les bannières. D’autre part, la cécité sélective que les internautes développent : l’œil s’entraine à détecter et à ne plus voir les bannières. Ces deux comportements ont un impact négatif sur la performance des campagnes car ces affichages gâchés sont tout de même payés par l’annonceur.

Figure 7.2 : Cette publicité pour Ebay, trouvée sur un grand portail français, ne cherche pas à convaincre, à vendre. Son objectif est d’imprimer la marque dans l’esprit de l’internaute et, si possible, de lui faire visiter le site. Cet annonceur peut se permettre ce genre de publicité très simple car il dispose déjà d’une bonne notoriété.

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Enfin, on retrouve un inconvénient qui tient à la nature même de ce mode publicitaire. Les campagnes d’affichage servent d’abord à « pousser » un message aux internautes. Dans la pratique, même si nous verrons que cela tend à changer, c’est d’abord la quantité qui compte : il faut toucher un maximum de consommateurs. Là où le marketing des moteurs de recherche trouve les internautes qui sont en quête d’un produit ou d’une information, là ou le marketing social cible précisément les internautes sur leur état civil et leurs intérêts, une campagne d’affichage vise souvent large, et donc aussi potentiellement, à côté. Nous verrons plus bas comment tenter de compenser cet inconvénient.

Trouver des emplacements

Comment allez-vous trouver des sites où faire afficher vos bannières ? Il y a deux cas de figures : soit vous partez vous-même à la recherche d’éditeurs de sites, soit vous choisissez de faire appel à une régie ou à une agence.

Qu’est-ce qu’une bannière ?

Une bannière est une création graphique intégrée par l’annonceur sur un site dont le propriétaire reçoit en contrepartie un paiement. Ces créations existent sous de nombreuses formes ; nous allons maintenant les découvrir. Mais tout d’abord intéressons nous aux différents formats.

Les bannières plus « intrusives »

Il existe des formats de bannières qui ne se contentent pas de s’afficher dans les pages web mais qui s’imposent aux internautes pendant leur navigation. Voyons ensemble quels en sont les principaux types :

  •  Les bannières extensibles reprennent un format classique exposé ci-dessus mais s’agrandissent pour prendre une plus grande partie de la page, soit suite à une action de l’internaute (le pointeur de la souris passant par dessus par exemple) soit automatiquement.
  •  Le « Flash transparent » : ces bannières conçues en technologie Flash viennent se superposer au contenu. L’internaute peut soit cliquer dessus, soit les faire disparaître ou les faire rentrer dans un format plus classique (un pavé par exemple) au moyen d’un bouton « Fermer » le plus souvent disposé en haut à droite.
  •  L’interstitiel est un format de bannière qui prend l’ensemble de la page et qui s’affiche en lieu et place du contenu que l’internaute cherche à atteindre. En général, cette page reste affichée une dizaine de secondes et peut être escamotée, tout comme le Flash transparent, au moyen d’un lien ou d’un bouton « Fermer ».
  •  L’apparition de bannières dans de nouvelles fenêtres de type « pop-up » ou « pop-under » dont l’abus a engendré la désaffection des internautes et, de ce fait, des annonceurs. Ces formats sont en outre souvent bloqués par les navigateurs.
  •  Les « slide in » sont des pavés qui apparaissent par glissement notamment sur les côtés, en bas des pages.
  •  Le « corner » est une animation qui se déroule par dessus le contenu de la page à partir d’un coin, souvent le supérieur droit. Le passage de la souris sur le coin de départ ouvre une plus grande bannière donnant l’impression que le site s’ouvre comme un journal en laissant découvrir le contenu de la publicité derrière la page web.
  •  L’habillage de page d’accueil : ce format permet de refondre totalement l’aspect d’un site aux couleurs de l’annonceur. L’avantage est de procurer une présence qui ne peut pas passer inaperçue.

L’avantage de ces formats intrusifs est de faire bénéficier d’une forte visibilité à l’annonceur. L’internaute est pour ainsi dire obligé de voir la publicité. Cela engendre donc logiquement un inconfort pour ceux qui les subissent. Ces types de publicités ne représentent pas, heureusement, une majorité sur internet et certains formats, comme les pop-ups, tendent à disparaître. La nature intrusive de ces publicités sont à l’origine d’une certaine quantité de clics réalisés « par erreur » par des internautes essayant sans succès de les faire disparaître, générant ainsi des taux de clics faussement élevés. Il vous reviendra de faire un arbitrage entre intrusivité et visibilité. Il est préférable, dans la mesure du possible, de limiter au maximum l’usage de ces formats.

Technologie et contenu

Une bannière dans son expression la plus simple consiste en une image fixe, le plus souvent au format JPEG (.jpg) ou, moins souvent en GIF ou PNG. Les bannières JPEG sont plus répandues car ce format offre un excellent ratio qualité / poids. Les bannières doivent être les plus légères possible, notamment pour s’afficher rapidement.


Viennent ensuite les bannières animées, soit au format Flash (fichiers SWF à prononcer « swif ») lorsqu’elles comprennent des animations riches, voir du son, ou au format GIF animé. L’avantage de ce dernier format est une compatibilité très large avec la majeur partie des terminaux et navigateurs du marché, là ou le Flash n’est parfois pas compatible, notamment sur les terminaux mobiles.

Remarque Le son dans une publicité est une dimension supplémentaire de son intrusivité. L’IAB recommande de ne pas l’activer par défaut dans une publicité.

La technologie Flash apporte depuis les années 2000 de l’interactivité aux publicités web. Certaines bannières conçues dans ce format deviennent de véritables applications où il est possible de jouer, voir de consulter des caractéristiques produit. Le plus souvent cependant, cette technologie est mise à profit pour animer une bannière qui autrement aurait été fixe. Cela passe du texte qui apparaît à un arrière plan qui change ou à des images qui se meuvent. L’objectif étant parfois double : d’une part faire apparaître un message si long qu’il n’aurait pas été lisible sur une bannière statique, l’autre étant d’attirer le regard des internautes. Ce format reste très populaire même si l’expérience montre9 que les bannières fixes génèrent souvent un taux de clic supérieur, probablement car elles sont perçues comme moins intrusives par les internautes.

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Figure 7.3 : Cette bannière animée en Flash est basée sur trois écrans. Une première image qui introduit le sujet, une deuxième qui présente les produits concrètement et une troisième qui comporte une incitation à l’action malheureusement peu claire.

Les campagnes d’affichage importantes, de portée nationale, nécessitent de fournir aux régies un grand nombre de bannières sous différents formats de façon à pouvoir être affichées sur un maximum de sites (tous les sites n’offrent pas des emplacements dans toutes les tailles). De plus, n’oubliez pas, si vous produisez principalement des bannières Flash, de prévoir l’équivalent au format image : GIF animé ou en JPEG fixe. Certains adservers peuvent détecter si les navigateurs des internautes savent lire le Flash et, dans le cas contraire, diffuser les publicités au format image.

La publicité hors-ligne

Certains annonceurs choisissent de lancer des campagnes d’affichages hors du web sur des supports comme la presse, les panneaux d’affichage urbain, la radio ou la télévision pour promouvoir leur site web. Ces opérations offrent l’avantage de toucher un grand nombre de consommateurs. Il est également possible de toucher des personnes que l’on ne peut que difficilement atteindre au travers du web. Mais ces médias hors-ligne présentent tout de même quelques désavantages. D’une part, ils peuvent être coûteux. Une demi-page de publicité dans le journal gratuit 20 minutes coûte par exemple près de 100.000 euros10. Le coût d’un spot de 30 secondes sur TF1 en prime time revient à peu de choses près au même prix11. D’autre part, le public touché n’est pas sur son ordinateur. Le passage de la publicité au site n’est donc pas naturel. On devra donc se contenter de diffuser des opérations de notoriété au retour sur investissement par nature très lent, voir négatif. Enfin, contrairement au marketing web, il est compliqué de bien mesurer l’impact d’une publicité hors-ligne. Le mieux que l’on puisse faire est de mettre en avant une URL unique spécialement créée pour l’occasion qui permettra de mesurer le nombre de visites générées par la publicité. Par exemple, au lieu de promouvoir monsite.com, on préféra inciter les consommateurs à se rendre sur monsite. com/offre ou monsite.com/web de façon à bien identifier les internautes qui arrivent grâce à l’opération hors-ligne en question.

Le réseau de diffusion Google : parfait pour débuter

La plateforme Adwords de Google permet de lancer facilement des campagnes d’affichage sur un réseau de contenu (le GDN ou « Google Display Network ») qui compte des millions de sites.

Remarque La régie Google Adwords fait l’objet d’un chapitre complet (le suivant). Nous y faisons pourtant référence ici car elle offre la possibilité de lancer des campagnes d’affichage très simplement.

Possibilités de ciblage

Google offre deux possibilités de ciblage des sites de son réseau de contenu sur lesquels vous souhaitez que vos annonces s’affichent.

Ciblage manuel

Pour accomplir un ciblage manuel, l’option à choisir lors du paramétrage de la campagne s’appelle « Pages pertinentes uniquement sur les emplacements et pour les types d’audience que je gère ». À l’instar des outils de recherche et de sélection de mots clés (que nous verrons au prochain chapitre), Google met à la disposition des annonceurs un outil de recherche d’emplacements. Cet outil permet de sélectionner des sites, à l’intérieur du réseau de contenu, sur lesquels vous souhaitez que vos publicités s’affichent. Vous pouvez également choisir des catégories. Cette recherche se fait très simplement : l’utilisateur rentre un mot clé et une liste de sites sur la thématique recherchée apparaît.

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Figure 7.6 : L’outil de sélection des emplacements permet de rechercher et choisir des sites où afficher ses publicités. Cela est possible (1) au travers d’une recherche par mots clés et sites web ou (2) par catégories. Google Adwords propose en retour une liste de sites (3) qui correspondent à ces critères.

Remarque Depuis peu, Google met également à disposition des marketeurs un outil permettant de cibler les internautes selon leurs centres d’intérêt. Cela est possible grâce à leur historique de navigation. Si certains internautes visitent régulièrement des sites d’astronomie, par exemple, l’algorithme en déduira qu’ils aiment observer les astres. Cette audience sera donc particulièrement intéressante pour les annonceurs qui souhaitent promouvoir des télescopes.

Comment optimiser les campagnes d’affichage

Pour rappel, une campagne d’affichage consiste à créer des ensembles de bannières et à négocier leur affichage sur des sites pertinents pour l’audience visée. Nous allons maintenant découvrir comment optimiser une campagne d’affichage. Mais tout d’abord pourquoi faudrait-il optimiser ces campagnes ? Tout simplement pour obtenir plus de résultats avec le même investissement. En tant qu’annonceur, vous achetez le plus souvent des affichages et vous (ou votre agence) êtes l’auteur des bannières. Il vous revient, à vous, de faire en sorte que ces affichages génèrent le plus de clics possible (donc de visites sur votre site) pour que l’impact économique de cette campagne soit le plus important possible. En d’autres termes, il convient de faire en sorte d’augmenter le taux de clic, c’est-à-dire la proportion d’internautes qui, parmi ceux qui voient une publicité de votre campagne, cliquent dessus. Vous pouvez jouer, pour ce faire, sur plusieurs leviers (certains d’entre eux nécessiteront une renégociation avec la régie ou une modification de la configuration de la campagne) :

  •  Tout d’abord l’emplacement, c’est-à-dire le positionnement de la bannière sur le site. Plus la bannière est élevée sur la page, surtout si elle est disposée au dessus de la ligne de flottaison, plus elle sera vue, donc plus elle obtiendra de clics (la ligne de flottaison sépare la partie visible de la page de la partie qui n’est visible qu’après défilement) .
  •  La taille des bannières est également un paramètre à prendre en compte. Il n’y a pas de règle universelle qui corrèle exactement la taille d’une bannière à son taux de clic mais, il est évident qu’une bannière occupant une surface élevée sur une page aura plus de chance de bénéficier d’un taux de clic élevé qu’une publicité beaucoup plus petite.
  •  La forme des bannières est aussi un paramètre qui joue un rôle dans le taux de clic. Par exemple, selon l’IAB, si les bannières verticales ou horizontales ont en moyenne un taux de clic de 0,1% à 0,3%, les bannières de type pavé peuvent elles atteindre 0,5% voir dépasser 1% de taux de clic s’il s’agit d’une bannière vidéo.
  •  Le ciblage thématique occupe également une place importante. Une bannière pour des articles d’équitation aura selon toute probabilité un taux de clic plus élevé sur la section équitation d’un site web. Les éditeurs et les régies peuvent proposer aux annonceurs de n’afficher leurs bannières que sur certaines sections du site.
  •  Il est également possible de travailler sur les notions de « capping » dont nous avons parlé au chapitre précédent.

Tous ces paramètres relèvent de l’organisation de la campagne et de sa diffusion. La conception des bannières a bien évidemment une influence sur la performance d’une campagne. On peut difficilement savoir à l’avance le design qui « cliquera » le plus. C’est pourquoi, lorsque vous en aurez la possibilité, vous devrez diffuser plusieurs versions de la même bannière afin de détecter, au bout de quelques temps, celle qui est la plus performante (nous en parlerons plus largement dans la troisième section).

Remarque On observe deux tendances de fond qui sont par ailleurs de façon surprenante antagonistes. D’une part l’augmentation des tailles d’écran des ordinateurs de bureau, qui rend les bannières de petites tailles encore plus petites (donc moins visibles) et d’autre part la croissance des usages mobiles du web, donc l’utilisation d’écrans plus petits dont la majorité ne peuvent pas afficher de Flash.

Au delà des campagnes d’affichage, le reciblage marketing

Contrairement au marketing des moteurs de recherche, et à d’autres supports, les campagnes d’affichage web avaient accusé le coup pendant la crise de 2009 et reculé en volume alors que le marché croissait de 6%12 malgré la crise. L’ancêtre du marketing web, déjà mis à mal par d’autres segments, était-il sur le déclin ? Cela n’est plus évident aujourd’hui si l’on en croît les chiffres 2010 qui montrent une croissance des campagnes d’affichage de 12%, soit 3% de plus que la croissance générale du marketing digital. Cela est la conséquence de plusieurs facteurs, dont la croissance de la publicité vidéo et l’émergence du reciblage marketing aussi appelé « remarketing » ou « retargetting ».

Identifier les internautes pour les cibler

Cette nouvelle façon de faire des campagnes d’affichage plus performantes consiste à sauvegarder dans un cookie, petit fichier texte stocké sur les ordinateurs des internautes, des informations concernant les produits ou les sites qu’ils ont consultés et de diffuser, sur différents sites, des bannières qui vantent les mérites de ces mêmes produits. Prenons un exemple : si Jean Dupont se rend sur un site de mobilier et consulte des fiches articles concernant des canapés, le système de reciblage marketing va déposer sur son ordinateur un cookie et fera en sorte d’afficher sur les sites qu’il consultera ensuite, des bannières proposant les canapés qu’il a au préalable consultés. L’objectif est bien entendu d’améliorer la pertinence des bannières pour chaque internaute et d’améliorer le taux de clic et le taux de conversion.

Ces campagnes personnalisées et basées sur les produits qu’ont vus les internautes sont appelées des campagnes de reciblage ou de remarketing. En fonction des annonceurs et des produits, les taux de clics de ces opérations peuvent être multipliés par un facteur allant de 2 à 10 et les taux de conversion peuvent s’avérer jusqu’à 30% supérieurs 13 à ceux de campagnes classiques. Ces chiffres sont cependant à prendre avec précaution. Toutes les campagnes de remarketing ne sont pas plus performantes que leurs équivalentes classiques. Par ailleurs, certaines ventes réalisées à partir d’une bannière reciblée l’auraient été de toutes façons par un autre canal si l’internaute n’y avait pas cliqué. Il n’en reste pas moins que ce système est très intéressant pour « rattraper » les internautes qui ont visité un site sans pour autant avoir accompli une transaction.

Les techniques de reciblage

Comme nous l’avons expliqué précédemment, lorsque l’on « marque » un internaute, son navigateur reçoit un nouveau cookie. Cette action de marquage intervient lorsque ce dernier visite une page bien précise qui comporte le traceur de reciblage. Ce petit programme Javascript s’ajoute assez simplement au code source d’un site. Votre tâche sera donc de choisir les pages ou les sections d’un site au travers desquelles vous souhaitez marquer les internautes. À chaque fois qu’un internaute en visite une, il rentre dans une catégorie bien précise. Imaginons que vous deviez marquer un site proposant des chocolats à la vente. Vous pourriez vouloir marquer trois sections avec des identifiants différents : chocolat blanc, chocolat noir et chocolat au lait. Cela vous permettra de créer trois catégories d’internautes à recibler en fonction des types de chocolat qu’ils ont préférés. Cela permettra, vous l’avez compris, de leur diffuser des publicités qui seront plus à même de les convaincre.

Remarque Pour commencer dans le remarketing, il est préférable de marquer l’ensemble de votre site. Ainsi tous les internautes qui le visitent seront dans une catégorie unique que vous pourrez recibler plus facilement.

Petit à petit vous pourrez affiner votre marquage. Imaginez par exemple que vous placiez le traceur sur la page « Mon compte » de votre site : cela vous permettrait de ne cibler que les personnes qui sont déjà inscrites chez vous, donc de lancer des campagnes de fidélisation. Les serveurs publicitaires qui autorisent le reciblage peuvent également combiner les catégories, voir les retrancher les unes aux autres. Imaginez que vous ayez deux catégories : l’une générale (le marqueur est sur tout le site) et l’autre sur la page « Mon compte ». Si vous retranchez ces deux populations, il ne vous reste que les internautes qui ne se sont pas identifiés. Cette nouvelle catégorie comporte probablement une population plus importante d’individus qui ne sont pas encore vos clients. Ils ont donc potentiellement plus de valeur pour vous. Le reciblage, dans ce cas, vous permet de diffuser vos publicités à des internautes qui vous ont visité, mais qui, en majorité, ne sont pas encore vos clients.


Le cookie que nous allons déposer sur l’ordinateur des internautes a une durée de vie limitée. Il s’efface tout seul au bout d’un certain temps. C’est seulement pendant la durée de vie de ce petit fichier texte que l’internaute sera potentiellement la cible de votre campagne (si vous stoppez la campagne, la présence du cookie ne sera d’aucun effet). Il vous reviendra de choisir cette durée, en général entre quelques jours et un mois. Cela dépendra de votre cycle de vente : vous reciblerez différemment un client sur un marché d’achat impulsif que sur un marché où un achat nécessite une longue phase de recherche et de réflexion.


Nous avons vu que nous pouvions combiner ou soustraire des populations. Vous pouvez également y appliquer des opérateurs logiques. Imaginons que vous souhaitiez promouvoir une opération promotionnelle valable uniquement pour les internautes qui commandent un ordinateur portable et un accessoire externe. Vous souhaitez recibler les personnes ayant consulté une fiche article d’ordinateur et une fiche article d’accessoire. Vous définirez dans l’adserver que nous n’afficherez votre publicité que si l’internaute à le premier cookie ET (opérateur logique) le deuxième cookie.


Allons plus loin (cela vous permettra d’entrevoir toutes les possibilités qu’offre cette technologie). Vous avez déterminé que les internautes mettent en moyenne 5 jours pour se décider à passer commande, entre le moment où ils visitent votre site pour la première fois et l’acte d’achat. Vous décidez donc de recibler vos visiteurs 5 jours après leur visite pendant 2 jours. Il vous suffit d’installer deux marqueurs sur les pages de votre site. L’un générera un cookie d’une durée de vie de 5 jours, l’autre un cookie d’une durée de vie de 7 jours. La logique que vous indiquerez à l’adserver sera très simple : n’affichez une publicité que si l’internaute a le cookie 2, sauf s’il a le cookie 1. Ainsi, vous ne ciblerez que les personnes entre le jour 5 et le jour 7 suivant leur visite.

Un support qui ne date pas d’hier mais qui a encore de l’avenir

Nous avons fait le choix de débuter cette section concernant la diffusion des publicités par ce support, les campagnes d’affichage ou le « display », car il permet d’appréhender le marketing web par ce qu’il a de plus visible et de plus connu : les bannières. Vous pourriez être surpris par la taille de ce chapitre car finalement nous sommes allé assez vite. En effet, nous avons prévu de vous faire découvrir en détail des supports qui s’apparentent au display et qui auraient très bien pu en faire partie : la vidéo, le marketing des réseaux sociaux, le mobile. Les principes que nous venons de voir nous seront cependant utiles pour mieux comprendre ces supports nouveaux qui sont, d’une certaine façon, de nouvelles adaptations des campagnes d’affichage traditionnelles.

Démarrage rapide

  • ☑ Clarifier les objectifs marketing de la campagne et les profils d’internautes à cibler.
  • ☑ Rechercher et choisir les sites sur lesquels la campagne pourrait être affichée.
  • ☑ Négocier les volumes, les coûts, les emplacements et les périodes de diffusion avec les éditeurs de sites ou les régies les représentant.
  • ☑ Faire réaliser des ensembles de bannières aux formats standards ou dans les formats particuliers si nécessaire.
  • ☑ Fournir aux éditeur de sites les bannières et les URL des pages de destination (ou configurer soi-même la diffusion si l’on passe par Adwords par exemple).
  • ☑ Si nécessaire, installez les traceurs de marquage pour le reciblage et indiquez à l’adserver dans quelles situations il doit diffuser les annonces.
  • ☑ Vérifier que les bannières sont bien affichées aux emplacements convenus et que les campagnes génèrent bien des visites.